« Le Nègre des Lumières »
Résumé

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Ouverture

Un salon d’aristocrates auxquels se sont joints des comédiens italiens
L’orchestre est sur la scène. Saint-George exécute un concerto aux mouvements rapides très virevoltants. Son adagio est particulièrement triste.

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ACTE I
SCENE 1
Foyer du théâtre

Le concert est terminé. Saint George se retrouve au milieu de cette foule joyeuse qui l’acclame. Elle entonne un choeur, « Aimons-le » en son honneur.

Une fausse note dans ce moment de liesse : Sophie Arnoult déplore la distance de Saint-George à son égard tandis que Louise, éprise aussi du musicien, et le Duc s’étonnent de cette « flamme nouvelle ».

Zamor invite bientôt la joyeuse compagnie à trinquer à la santé de Saint-George. Chaque personnage porte à son tour un toast, repris par le choeur. Au cours du sien Sophie regrette que Saint-George reste insensible à ses charmes. Et la fête continue, ponctuée par des danses et quelques facéties de Zamor.

La fête est interrompue par l’arrivée de la Reine, Marie-Antoinette. Un petit quiproquo se noue : Sophie est persuadée que la souveraine est venue pour elle, alors qu’en fait, elle est là pour Saint-George.

Après avoir lancé un regard de dédain au Duc, Marie-Antoinette se lamente des « commérages » qui la présentent comme « passéiste ». Sa fierté, dit-elle, est certes de « perpétuer ». Mais elle se veut la protectrice des arts dans son royaume : « J’use pourtant de libertés et je détiens la plus belle. La liberté d’honorer ce que l’homme a de plus divin. Et c’est par l’art qu’il y parvient. Cette mission j’entends mener. » Elle délivre alors un compliment à Saint-George et l’invite en son palais pour le lendemain. O, beau Saint-George, gentil métis, vous attend le frontispice ». A cette phrase Sophie Arnoult s’évanouit.

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ACTE I
SCENE 2
Le salon de Marie-Antoinette

Sophie interprète devant quelques courtisans une aimable romance, accompagnée par le clavecin lorsque Saint-George fait irruption, commence par l’accompagner de son violon, puis l’humilie en couvrant sa voix. La Reine arrive et applaudit Saint-George. Celle-ci signe aussitôt le décret le nommant directeur de l’Opéra royal, un poste qui avait été créé pour Lully puis occupé par Rameau.

Saint-George est radieux. Certes, ce poste est peu lucratif, et la Reine l’en a averti, mais il chante sa joie. « Que me fait à moi la richesse ? Je lui préfère cette enivrante liesse », clame-t-il. « Faire chanter flûtes, hautbois et clarinettes, mezzos, ténors, barytons et sopranettes, tel est mon rêve de bonheur ».

Sophie laisse éclater son dépit, rappelant à la souveraine que celle-ci lui avait promis ce poste. La Reine lui répond : « D’avis j’ai dû changer. Pour la modernité, pour complaire aux salons, d’un serment je fais fi et offre à Saint-George cette grande félicité. » Toutefois, elle ajoute qu’elle devra se méfier d’elle-même et de sa propension à changer toujours d’avis.

Restée seule, Sophie laisse éclater sa rancoeur dans un air aux accents très lyriques. Puis elle jure que grâce aux Princes qui la protègent, cet affront sera effacé :

« Je veux qu’à tout jamais
disparaisse ce nègre.
Je ne veux plus voir ce métis
Réparé sera mon outrage !
Sa place n’est pas au frontispice.
Qu’il retombe jusqu’en esclavage ! »

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ACTE I
SCENE 3
Le jardin du palais royal

Louise avoue son amour à Saint-George. Ce dernier répond qu’il éprouve le même sentiment pour la jeune femme, mais qu’il doit résister à cette passion impossible, compte tenu de leur « différence ». Elle pense qu’il fait allusion à ses origines (« j’ai des dissemblances l’habitude »), mais Saint-George, au désespoir de Louise, rétorque que leur différence d’âge est trop grande.

Le Duc arrive, entouré de jolies filles auxquelles il révèle ce que représente ce jardin, tel qu’il l’a conçu :

« Savez vous ma chère, ce que votre Duc prescrit :
A toutes les libertés ce jardin est dédié,
Epées, fusils, fouets, sarraux et tabliers :
Ces symboles d’oppression sont ici interdits. »

Sophie et Zamor rejoignent le petit groupe qui devise au milieu de la foule des passants du jardin. Le Duc explique ce que la liberté signifie pour lui : faire le bien et avoir le bonheur pour loi. Les autres acquiescent et, pour la première fois, Sophie semble porter un intérêt à la parole du Duc. Seule Louise avoue un grand trouble : « Ce serait contre le Roi ». Le Duc tente de la rassurer : « La loi n’est pas hostile au Roi ». Mais Louise persiste : « Je sens que ce n’est pas bien si le mal nourrit le bien ». Au terme de ce quintette très mozartien, Sophie, Saint-George et Zamor entonnent en choeur : « Les hommes ont besoin du bien ».

Et le Duc conclut : « Pour demain, créons le bien ».
Le Duc prend ensuite Saint-George en aparté et lui annonce la trahison prochaine de la Reine :
« l’Autrichienne va tromper ton coeur.
Oui, crois bien qu’à la fin tu devras disparaître. »

Saint- George ne veut pas le croire mais finit par être troublé par l’argumentation de son protecteur et ami.

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ACTE I
SCENE 4
L’entrée du salon de Marie-Antoinette

Le Duc intercepte Sophie au moment où elle se prépare à pénétrer dans le salon de la Reine. Il entend convaincre la courtisane de cesser d’intriguer contre Saint-George. Peine perdue : après avoir tenté de séduire le Duc, Sophie persiste : les succès de ce « demi-humain » la désespèrent.

L’arrivée de Marie-Antoinette interrompt ce face à face. Sophie tente de convaincre la Reine de revenir sur sa décision. Tous ses arguments – « le royaume vie d’esclavage », « Voltaire et les planteurs médisent » – échouent jusqu’à ce que la courtisane lance que les mauvaises langues colportent que Saint-George serait l’amant de la souveraine. Elle lit quelques quatrains puisés dans les feuilles de caniveau qui salissent la souveraine. Vaincue celle-ci doit renoncer. « Il faudra donc qu’on me pardonne. Moi qui, toujours fut si bonne dois commettre pareil méfait », chante-t-elle.

Informé de ce qui se trame, Saint-George fait irruption. Trop tard : la Reine lui annonce sa décision. Le duo, au départ orageux, évolue sur le mode affectif. Saint-George confie qu’il est, aussi, fort triste, pour une Reine qui, par sa versatilité, risque de s’attirer tant d’ennemis.

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ACTE I
SCENE 5
Le foyer du théâtre des Italiens

Saint-George se réfugie dans ce lieu protecteur. Seul, il joue un adagio d’une profonde tristesse. Louise le rejoint et l’invite à dominer son chagrin et à trouver un remède dans l’amour qui les unit. L’air qu’elle interprète est imprégné d’un lyrisme annonciateur du romantisme.

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ACTE II
SCENE 1
Le jardin du Palais royal

Zamor réussit à convaincre Saint-George de sortir de la prostration dans laquelle il est plongé pour le rejoindre auprès d’un groupe en fête. Un quidam traite alors Saint-George de « mal blanchi ». Celui-ci le rosse et lui plonge le visage à terre : « Comme moi, désormais te voilà mal blanchi ».

Le Duc interrompt cette algarade et appelle Saint-George à être désormais plus digne. Il doit, derrière lui, s’engager pour changer ce monde qui s’est montré si injuste.

Penser, sans pouvoir agir,
Depuis longtemps voilà notre sort
Ils nous refusent le droit d’écrire
Ah ! donnez-nous plutôt la mort.
(…)
Avec nous participe
A nos idées de liberté
Ainsi que d’égalité
Voilà nos principes.
Construisons sans cesse
Une humanité plus éclairée.
(…)
En ces lieux tu verras mon cher,
L’amour est notre bible.
Ici nous sommes frères
Pour qui céans adhère.
Pour nous sois disponible,
Travaillons ensemble, dès ce jour

Les deux hommes s’étreignent dans un décorum d’initiation maçonnique. Louise surprend la scène et confie son trouble à Saint-George. Elle le met en demeure de choisir entre leur amour et un engagement avec le duc et ses amis qui reviendrait à trahir le roi.

Saint-George tente de la convaincre : le roi n’est pas vraiment indispensable à leur amour. Mais Louise est intraitable et le quitte.

Le soir tombe la foule du Palais-Royal s’attriste de cette rupture (chœur).

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ACTE II
SCENE 2
La prison

Le temps a passé. Zamor arrive à la prison où Saint-George est enfermé à quelques mètres de la reine Marie-Antoinette. Le fidèle ami s’adresse au geôlier auquel il narre les exploits d’un Saint-George qui s’est engagé dans l’armée pour défendre la patrie, est devenu le premier colonel noir de l’armée, a libéré la ville de Lille. Ce héros croupit victime de la terreur. Zamor hurle : « ouvre cette geole ». Puis il grince : « tu la réserveras à ce cher Maximilien ».

Saint-George, flanqué de Zamor et du geolier chemine dans le couloir de la prison et arrive devant la cellule de Marie-Antoinette. Celle-ci chante sa mort prochaine. Saint-George qui pense aussi être bientôt condamné s’approche. Il lui dit mesurer combien sont « aveugles les procureurs » et l’assure que bien qu’elle eut été « mauvaise reine », il éprouve de la peine pour elle car il « ne souhaite aucune mort ». La Reine l’enlace.

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ACTE II
SCENE 3
Un grand jardin public

Devenues amies, Louise et Sophie devisent. Sophie, qui a vieilli, dit ne plus convoiter Saint-George et avoue regretter tout le mal qu’elle a fait. Elle veut être l’amie de Louise qui se lamente de ne pas avoir vu, depuis des années, l’homme qu’elle aime.

Soudain, les deux femmes reconnaissent Saint-George et Zamor au milieu de la foule.
Louis se précipite vers eux et lit dans leurs yeux la trace d’une infinie souffrance.
« Sur vos visages est écrit le mot « peur » comme si vous reveniez d’une descente aux enfers ».
Sophie se jette aux pieds de Saint-George et lui demande pardon pour le mal qu’elle lui a fait.

Saint-George décrit à Louise les épreuves qu’il a vécues :

« Sachez que de l’enfer, trois cercles j’ai connus
Dans la pluie et les vents du septentrion,
Face au feu des fusils et celui des canons ;
A quelques pieds sous terre, où cloîtré dans le noir
Je préparais mon sang à l’infâme rasoir ;
Enfin, la potence j’évitais dans mon île
Quand noirs, blancs et métis se tuaient en combats vils. »

Zamor ajoute :

Moi qui l’accompagnais dans ce troisième voyage,
J’ai pu en mesurer sur lui tous les outrages. »

Désormais il veut vivre auprès d’elle et que, soutenu par son amour il entend continuer à travailler pour un monde meilleur.

Mais il s’écroule, frappé par un malaise et doit se retirer, soutenu par Louise et Zamor.

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ACTE II
SCENE 4
Un grand jardin

Dans un climat de fête, Louise s’apprête à fendre la foule pour se diriger vers la Montgolfière où Saint-George doit la conduire. Elle doit être en effet la première femme à effectuer un vol en ballon. Zamor qui la rejoint lui laisse entendre que Saint-George est condamné. Atterrée, elle chante son désespoir.

Saint-George, arrive et lui confirme que ses heures sont désormais comptées.
Mais il lui confie qu’il quitte ce monde l’âme en paix car bientôt la liberté y règnera.

« Bientôt je vais cesser de vivre
Et je puis enfin espérer
Qu’après des années de tourmente
Tous libres vous pourrez vivre. »

Louise va bientôt quitter Saint-George pour se hisser dans la Montgolfière, porteuse de ce message qu’il vient de lui délivrer.

Arlequin apparaît :

« Peut-être la nature va-t-elle rompre le lien
Qui pour notre bonheur t’unissait aux tiens
Ta lumière noire un jour la terre éclairera
Autant que ta musique, ta vie nous guidera
Nègre des Lumières je te nomme
Car si tu es mon frère, tu fus surtout un homme »

Saint-George va mourir. Louise s’éclipse.

Le noir tombe.

Sur le devant de la scène un quatuor égrène des notes d’une immense tristesse.

FIN

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